Un lieu ... Un spectacle...
L'an dernier, nous avions choisi
Vaison La Romaine
et Prejlocaj,
Là,
cette année,
Carcassonne
et Pietragalla :
Spectacle musical et chorégraphique conçu par Marie-Claude Pietragalla & Julien Derouault, librement inspiré par le Livre des merveilles de Marco Polo. Un prologue et quatre actes 17 interprètes
Musiques Armand Amar - Chansons écrite par John Boswell - Création vidéo et animation Chrysoïd - Costumes Patrick Murru
- Lumières Eric Valentin
Dans un monde futuriste, où réel et imaginaire s'entremêlent, un homme, Marco Polo, va tenter de retrouver ce chemin qu'il a déjà parcouru guidé tout au long de son périple par l'image d'une femme : la dame blanche (MC Pietragalla). Un spectacle éblouissant fusionnant l'image d'animation, le chant, le hip-hop avec le ballet moderne et classique, orchestré par une chorégraphie où rivalisent la précision des gestes et l'énergie incessante des corps.
Pour sa dernière création, la chorégraphe renoue avec un genre qu'elle affectionne mais qui est particulièrement périlleux : celui de la poésie dansée.
Un homme couvert de bandelettes revient à lui. Il est habité par le visage d'une femme, souvenir d'une vie ancienne qu'il va suivre pour se retrouver lui-même. Elle l'entraîne dans le monde de l'eau et du bois, dans celui de la terre, du feu et de l'air. Des images d'animation d'inspiration manga, projetées sur écran géant, campent le décor de cette aventure, mais ne la racontent pas. Avec Marco Polo, Marie-Claude Pietragalla et son compagnon, Julien Derouault, chorégraphient un show qui revendique pour seul support la poésie de la danse : c'est-à-dire que d'un bout à l'autre des deux heures trente du spectacle ils misent sur l'évocation. L'ambition est louable : la poésie reste certainement l'une des plus nobles conquêtes de la danse. Elle est ici portée par trois chanteurs dont l'exceptionnel Iranien Salar Aghili. Et Pietragalla, qui travaille cette veine depuis ses premières chorégraphies, la maîtrise ici mieux qu'auparavant.
Il faut dire que sa troupe l'a obligée à bien canaliser le mouvement. Sur les seize danseurs, dix sont des hip-hopeurs déchaînés qui rencontrent ici pour la première fois une discipline de groupe. Pietragalla les utilise comme un corps de ballet : on admire leur dextérité à passer d'un monde à l'autre. Esprits des eaux, ils ondulent des bras et du buste. Peuple de la terre, ils se livrent sur le cercle à des rituels ancestraux où les pieds frappent le sol et les corps bondissent. Démons du feu, ils se défient. Esprits de l'air, ils marchent à toute allure dans des costumes argentés décorés de lumières bleues.
Pietragalla et Derouault ont su leur ménager des échappées solitaires dans les mouvements d'ensemble auxquels ils se plient parfaitement. D'un bout à l'autre, cette fureur de danser contamine le spectacle.
extrait "Le Figaro-Culture"